Le Zeupire de Gozée (Thuin, province de Hainaut),
historiographie et interprétations d'un menhir probable.
Hormis les campagnes archéologiques menées depuis 1979 au «champ mégalithique de Wéris >> et à l’allée couverte de Lamsoul, la perception du patrimoine mégalithique de la Wallonie repose sur des données anciennes.
L’examen critique de cette documentation doit être intégré dans une approche méthodologique systématique, préalablement aux indispensables fouilles pluridisciplinaires; ses résultats peuvent en effet conditionner les futures stratégies de fouille et apporter à l’archéologue un bagage utile pour ses observations de terrain.
L’exemple du Zeupire de Gozée, qui est considéré comme un menhir certain depuis le XIXe siècle, illustre cette démarche.
Grâce à des publications et à un fonds d’archives de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, l’article récapitule l’historiographie du monolithe dont les étapes principales sont la découverte de la pierre, une fouille menée sur le site en 1887, l’acquisition de ce dernier par l’État belge en 1888 et un chantier de « restauration >> du monument entre 1895 et 1898.
Après avoir présenté la nature et l’origine géologique du bloc, les arguments avancés initialement pour soutenir l’identité mégalithique de cette pierre dressée sont présentés, critiqués et confrontés aux critères archéologiques modernes de reconnaissance des menhirs.
Il ressort de cette analyse que la première interprétation du Zeupire doit être nuancée vu l’absence de données archéologiques (structures, datation … ) mais qu’un déclassement n’est pas envisageable.
La proposition la plus raisonnable est de ranger ce <<colosse >> de quelque 25 tonnes, dont l’élévation évoque une motivation néolithique, parmi les menhirs <<probables >> de la Wallonie.