Le site présumé de l’ancien château de Hollogne-aux-Pierres

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Encore visibles dans les années 1950, les substructions étudiées ont connu deux campagnes de fouilles, en 1972 et en 1976. Malgré la rapidité de celles-ci, les fouilleurs de l’époque ont pris soin de réaliser des plans des structures exhumées. Le matériel, quant à lui, surtout céramique, est conservé dans plusieurs collections privées.

Toutes ces découvertes n’ont malheureusement pas été publiées mais seront mises à notre disposition pour la future étude d’ensemble du site.

Des vestiges mis au jour !

La fouille actuelle a permis de réétudier une partie des vestiges mis au jour dans les années septante.

Ce sont, avant tout, les murs d’un bâtiment élevés sur une couche de remblais, composés, sur une épaisseur d’1,40 m, d’argile dans laquelle on remarque de nombreux morceaux de mortier blanc et des éclats de silex.

Trois pièces accolées…

Cette bâtisse est édifiée en bordure d’une dépression de terrain, sans doute d’origine anthropique, d’un diamètre moyen de plus ou moins 40 m pour une profondeur de 2,07 m.

Construite en longueur selon un axe nord-ouest/sud-est, l’habitation est composée, dans l’état actuel de nos connaissances, de trois pièces accolées les unes aux autres.

La plus grande de ces pièces, d’une étendue de 49 m², est délimitée par deux murs parallèles (F4 et F6), de direction nord-est/sud-ouest et distants de 4,30 m, élevés à l’aide de moellons de grès houiller.

Possédant des fondations moins profondes que F4, F6 est flanqué de deux contreforts (F5 et F7), construits en même matériau.

Perpendiculaires à F4, F5, F6 et F7, deux murs (F8 et F20) alignés, également en moellons de grès, liés par du mortier blanc ou jaune, ferment cette pièce vers le sud-ouest.

Vers le nord-est, cette dernière est délimitée par le mur F36. Une partie du sol de cette construction est recouverte de deux types de pavements.

Le premier (F2) se compose de plaquettes de grès posées sur chant (djètes), tandis que le second (F1) est constitué de grandes dalles lisses de calcaire.

Le premier dallage indique la présence d’un âtre d’une superficie de 2,50 m x 1,10 m.

Au Nord-Ouest une cuisine…

Au nord-ouest de ce que nous appellerons désormais la cuisine, une seconde pièce est délimitée par les murs F6, avec ses contreforts F5 et F7, F10 et F11, et, vers le nord-est, par F21.

Peu profond et de faible épaisseur, F10, parallèle à F4 et F6, a, sans doute, vu le nombre important de morceaux de terre cuite, parfois calcinés, mis à jour de part et d’autre, supporté une cloison de pisé.

Contre F11, vient s’appuyer, vers le sud-ouest, la base d’un contrefort en forme de demi-cercle et composée de gros moellons de grès (F12).

Les détails des fouilles !

La cuisine est bordée, au sud-est, par une autre pièce de 21,30 m² de superficie et de forme trapézoïdale. Elle est circonscrite par quatre murs construits en moellons de grès et elle abritait un âtre délimité par des pierres calcaires (F22) et partageant le même conduit de cheminée que celui de la cuisine. Bien que légèrement plus étroite que cette dernière vers le sud-ouest, elle partage avec elle, vers le nord-ouest, un mur d’une longueur de 5,50 m pour une largeur variant entre 0,30 m et 0,55 m et une hauteur de 0,70 m (F4).

Le mur qui la délimite vers le sud-ouest, beaucoup plus abîmé que les trois autres, n’est conservé que sur 2,20 m de long, 0,30 m de large et 0,20 m de hauteur (F17).

Au nord-est, un bel ouvrage de maçonnerie (F37 et F39), construit en deux phases, suit parfaitement la pente de la dépression décrite ci-dessus, sur une longueur de 5,17 m pour une largeur qui varie de 0,38 m à 0,53 m et une hauteur de 0,45 m.

Vers le sud-est, la structure de moellons qui la délimite est beaucoup plus épaisse que les trois autres (F35 et F40). Il s’agit en fait du prolongement d’une muraille qui ceinture ladite cuvette.

Cette maçonnerie est postérieure au creusement de cette dernière car sa construction épouse parfaitement la déclivité de celle-ci.

Conservée sur une longueur de 5,53 m, une hauteur variant de 0,50 m à 0,80 m et une épaisseur allant de 0,88 m à 0,95 m, elle a sans doute fait office de solin car, à son pied, gisaient les restes calcinés d’un pan de bois (F62).

Des prélèvements de terre cuite et de bois brûlé ont été réalisés en vue de datations archéomagnétique et 14C.

Sur toute la longueur de la façade septentrionale de l’édifice exploré, les fouilleurs ont révélé la présence d’un empierrement composé de petits morceaux de silex et de grès déposés les uns à côté des autres sans aucune liaison à base de mortier. 

Cette zone, d’une largeur maximum de 4,20 m pour une longueur de 13,50 m, formait, sans doute, un large trottoir offrant la possibilité de passer d’une pièce à l’autre à pied sec. L’absence de liaison intérieure entre les cellules de l’habitation vient conforter cette hypothèse.

Les fouilleurs ont également exploré un puits (F14) creusé contre la cuisine, au sud-ouest, et d’une profondeur totale de 7,36 m. Trois couches ont été mises en évidence.

La première recelait, à 2,50 m de profondeur, un nombre considérable d’ossements d’animaux domestiques; ces fragments de squelettes sont les restes de onze chiens (quatre chiots et sept adultes), cinq cochons, une chèvre ou un mouton, un chat adulte, un cheval, un bœuf et, probablement, des oies domestiques.

À 3 m sous le niveau du sol, gisaient de nombreux fragments de céramique d’époque variée. Toutes ces découvertes étaient associées à des matériaux de construction (moellons, briques,…), jetés dans le puits, sans doute, au moment de l’abandon du site.

La seconde couche, épaisse d’1 m, était complètement stérile. La dernière, épaisse de 2,35 m, était, sans conteste, la plus riche.

En effet, outre des moellons de grès, des rognons de silex et des bois de charpente, elle recelait un grand nombre de morceaux de céramique post-médiévale mais aussi un exceptionnel matériel en cuir.

De nombreuses semelles, de toutes les pointures, des éléments de chaussures et un sabot avec semelle en bois ont été extraits de la boue en même temps que deux gants en cuir et un gland frangé, en cuir tressé, qui décorait probablement le harnachement d’un cheval.

Nous avons également remonté à la surface des objets métalliques dont le plus spectaculaire est une masse d’arme qui reposait dans le fonds du puits.

Cette arme se compose d’un embout métallique dans lequel venait se ficher un manche en bois.

L’extrémité de cet embout est munie de quatre pointes, trois placées perpendiculairement sur son pourtour et une dans son prolongement.

 

quelques Photos des fouilles...

En 2006

L’année 2006 a été mise à profit pour dégager, à l’ouest de la construction décrite ci-dessus et sur une dizaine de mètres, un caniveau de direction nord-ouest/sud-est.

Il a été enterré à une profondeur de 1,70 m, au fond d’une tranchée, au profil en forme de V, de 2 m de largeur et comblée à l’aide de mortier jaunâtre, d’argile plastique, de charbon de bois, de silex, d’os calcinés, de fragments de schiste et de grès micacé, de blocs de grès houiller mais aussi de morceaux de céramique du 15e et du 16e siècle.

Les fouilles continuent 2017

D’une largeur de 0,57 m pour une hauteur de 0,30 m, ce système d’écoulement des eaux a été réalisé à l’aide de dalles de grès micacé ; la base de ce chenal ne présente aucun assemblage en pierre, l’eau ruisselant directement sur l’argile imperméable, vers le sud-est.

Les 10 m de chenal qui ont été dégagés étaient obstrués par de l’argile et du mortier jaunâtre et blanchâtre dans lesquels étaient emprisonnés de rares morceaux de céramique post-médiévale.

Après 17 ans de fouilles sur le site présumé de l’ancien château de Hollogne-aux-Pierres, il reste bien difficile d’affirmer que le bâtiment découvert est celui qui a abrité, pendant cinq siècles, les membres de la noblesse locale.

Tant la configuration des pièces mises au jour que la faible épaisseur des murs dégagés, une trentaine de centimètres en général, ne sont guère caractéristiques des places fortes telles qu’elles étaient construites dès le 13e siècle.

Beaucoup d’éléments nous amènent à penser que nous avons plutôt affaire à un habitat rural type de la Hesbaye liégeoise avec développement du logis en longueur (Génicot et al., 1996, p. 99-106).

La succession de trois pièces selon un axe nord-ouest/sud-est en est un indice probant.

Si tel est le cas, le bâtiment exhumé est un des rares témoins de l’architecture rurale antérieure au 19e siècle. En effet, si la structure des célèbres fermes hesbignonnes en carré est relativement bien connue, il en va tout autrement des exploitations agricoles plus modestes.

En 2017, les pelles et les truelles des fouilleurs se sont déplacées vers le nord/nord-est du cailloutage précité, le long de la limite cadastrale entre les parcelles no 314et 314m.

Elles ont permis de découvrir, à 0,50 m de profondeur par rapport à l’actuel niveau du sol, un radier de mortier de chaux d’environ 42,3 m². 

De forme ovale, ce dernier possède un grand axe de 9 m pour un petit axe de 6 m. L’épaisseur du mortier de chaux est de l’ordre de 0,15 m. Une tranchée de 0,70 m, creusée au niveau de la largeur de l’ellipse, divise celle-ci en deux parties.

Cette découverte témoigne de la présence, à cet endroit, d’une importante construction ronde ou ovoïde qu’il n’a pas encore été possible de dater vu l’absence artefacts. Construite à une plus grande profondeur que la base des murs de la bâtisse rurale décrite plus haut, cette fondation n’a pas de lien avec cette dernière. Par contre, les fouilles futures permettront peut-être de trouver des connexions avec les assises de murs, d’une épaisseur variant entre 1,50 m et 1,80 m, découvertes en 2014.

Nous serons alors en présence d’un second bâtiment, plus ancien, dont les bases solides sont probablement celles d’une place forte médiévale.

Cet article est une synthèse de ceux que j’ai publiés, depuis 2001, dans la Chronique de l’archéologie wallonne.

Génicot L.-F., Butil P., De Jongh S., Lozet B. & Weber P., 1996. Le patrimoine rural de Wallonie. La maison paysanne. 1. Des modèles aux réalités, Namur.

Jeunehomme L., 1912. Hollogne-aux-Pierres. Contribution à son histoire, Liège.

Jean et cheval

Des visiteurs tout particulier

Nous avons parfois des chevaux qui viennent en curieux nous rendre visite sur le chantier de fouilles de Hollogne-aux-Pierres….

Les fouilles 2018....à suivre...